L’improvisation en matière d’immigration : un frein au développement du Québec et du Canada

Depuis plus d’un an, les politiques d’immigration mises en place par Québec et Ottawa sont marquées par des décisions soudaines, des suspensions de programmes et des réformes prises sans préavis. En seulement 16 mois, plus de 30 changements majeurs ont été recensés, créant un climat d’incertitude pour les immigrants, les entreprises et les institutions.
Un manque flagrant de prévisibilité
Lors d’une table ronde organisée à l’Université Laval, des représentants du milieu académique, économique et communautaire ont dénoncé l’improvisation des gouvernements en matière d’immigration. Patrick Bissonnette, conseiller aux étudiants internationaux, rapporte avoir recensé 33 modifications réglementaires depuis décembre 2023 sur le site d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC).
Des étudiants étrangers plongés dans l’insécurité
Ces changements constants compromettent les plans de vie des étudiants internationaux, qui s’engagent dans des parcours académiques de plusieurs années avec peu de garanties de stabilité.
Une tempête réglementaire aux niveaux fédéral et provincial
Au niveau fédéral :
Baisse des cibles d’immigration permanente (de 485 000 en 2024 à 395 000 en 2025)
- Limitation du recours aux travailleurs étrangers temporaires
- Nouvelles contraintes pour les étudiants internationaux
Au Québec :
- Suspension de programmes d’immigration permanente source : Ministère de l’Immigration du Québec
- Réduction du nombre d’étudiants étrangers dès février 2025 source : Radio-Canada
- Report des consultations publiques sur les seuils migratoires.
Ces décisions ont souvent été prises sans consultation réelle, sans mesures transitoires, et sans considération pour les droits acquis.
Un impact économique et démographique alarmant
Frédérik Boisvert, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Québec (CCIQ), résume le malaise :
« Tu ne peux pas prévoir un projet sur cinq à dix ans si tu es un chef d’entreprise avec des travailleurs étrangers temporaires quand, tous les six mois, les règles du jeu changent. »
Des postes vacants et une économie à la peine
À la fin de 2024, plus de 121 000 postes étaient vacants au Québec — et dans 61 % des cas, depuis plus d’un mois. Cette pénurie freine la croissance et contribue à la décote de la cote de crédit du Québec par S&P Global.
Une perte d’image à l’international
Le Canada, longtemps perçu comme une terre d’accueil stable et attrayante, perd de son prestige. Des destinations comme l’Australie ou l’Allemagne deviennent plus compétitives sur le plan migratoire. Des plateformes comme ApplyBoard notent une baisse de l’intérêt pour le Canada chez les étudiants étrangers.
Un déficit démocratique inquiétant
Thibault Camara, du collectif rappelle que les immigrants temporaires n’ont aucun pouvoir démocratique malgré leur forte implication dans l’économie et la société.
« C’est un sentiment d’être déshumanisé… que nos vies ne comptent quasiment pas. »
L’immigration : une vision à court terme qui coûte cher
En un peu plus d’un an, les politiques migratoires ont été modifiées plus de 30 fois. Une instabilité qui révèle une gouvernance réactive, déconnectée des besoins à long terme.
Et pourtant, l’immigration ne devrait pas être l’otage d’agendas politiques. Elle est un levier fondamental du développement économique, social et démographique.
Pour un avenir viable, il faut une politique migratoire stable
Le Québec et le Canada doivent bâtir des politiques prévisibles et durables. Dans un contexte de vieillissement démographique et de pénuries de main-d’œuvre, l’immigration est une solution essentielle, et non un problème à gérer dans l’urgence.
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